Le mystère des sarcophages
Sources: Etude de Mme Marie-Gabrielle GIROIRE parue dans un hors série de la revue “Le Picton” (129 Bd du Grand Cerf 86000 Poitiers)
Ce village d´origine protohistorique et antique avec une organisation sociale‚ économique‚ et religieuse‚ est bien connu grâce à l´archéologie.
L´occupation gallo-romaine est encore visible près de l´église où deux restes de temples furent découverts. Parmi les vestiges de cette époque‚ on distingue une cuve baptismale en forme de losange à laquelle on accède par trois marches.
Civaux connu un peuplement précoce et c´est à ses vestiges mérovingiens que la cité doit sa réputation.
Les chercheurs ne peuvent pas fournir d´explications à l´étendue immense de sarcophages dont regorge le sous-sol et bien que tous n´aient pas été mis à jour‚ on estime leur nombre à 15000. La légende‚ reprise par les conteurs locaux‚ voudrait que les sarcophages soient tombés du ciel pour recevoir les corps des guerriers morts pendant la bataille entre Clovis et Alaric en 507 (voir Le Gué de la Biche ).
Taillés dans la pierre locale‚ les sarcophages sont de fabrication très simple. En forme de trapèze‚ prévus pour un seul corps‚ ils ne possèdent généralement qu´une seule ornementation sur le couvercle‚ une barre longitudinale coupée de trois traverses. Sous ces sarcophages de surface‚ des fouilles ont permis de découvrir un empilement de sépultures jusqu´à 1‚50 m de profondeur. La plupart sont en pleine terre et des clous trouvés autour des squelettes laissent supposer que des brancards en bois furent utilisés pour quelques uns de ces morts. Le corps est toujours orienté Ouest-Est‚ le regard vers l´orient.
Un deuxième type de sépulture est un entourage partiel du corps en pierres sèches (parfois une seule pierre au sommet du crâne). Il ne fut trouvé que deux cas où l´entourage de pierres faisait la totalité du corps.
A l´exception de quatre tombes où furent trouvées des poteries (et même une bulle de verre bleu) aucune sépulture ne possédait un riche mobilier. Ceci donne à penser que ce sont des populations chrétiennes qui arrivèrent à Civaux car contrairement au paganisme où le mort était enterré avec les objets de sa vie quotidienne‚ l´Eglise ne tolérait dans la sépulture que le dépôt de vases contenant de l´eau lustrale ou de l´encens.
L´hypothèse des archéologues serait‚ sans que des sources écrites en apportent la preuve‚ que Civaux était un lieu où les chrétiens venaient recevoir le sacrement du baptème.
Quelle population fut inhumée à Civaux?
Pendant combien d´années cette pratique eut-elle lieu?…
Pendant combien de temps et sur quelle période eut lieu cette affluence dans la cité?
Le cimetière n´est cependant qu´une infime partie de ce qui reste à fouiller. Contenant des vestiges archéologiques‚ une partie de la place située devant l'église est inscrite à l´inventaire des “ Monuments Historiques ”.
Sources: Etude diffusée par le SIDEM - Syndicat Intercommunal pour le Développement du Montmorillonnais - 18 Bis Place de la Victoire 86500 Montmorillon.
La carte d'Etat-Major de la Vienne dressée en 1894 situe le “Gué de la Biche” très en amont et à quelques 2 kilomètres au nord des ponts de Lussac.
Dès la fin du VIe siècle‚ Grégoire de Tours raconte l´affrontement des armées de Clovis‚ roi des Francs et d´Alaric‚ roi des Wisigoths en 507 : “lorsque Clovis eut atteint la Vienne avec son armée‚ il ne sut en quel point il devrait franchir la rivière‚ car celle-ci était en crue‚ par suite des pluies. Grâce aux prières du Roi‚ le Seigneur envoya une biche d´une taille extraordinaire‚ qui entra dans la rivière par la volonté divine et le Roi‚ voyant la bête traverser à gué‚ sut ainsi par où il pourrait faire franchir la Vienne par ses gens…Les armées se rencontrèrent…la bataille fut sanglante et les morts Wisigoths ont rougi l´eau de la rivière‚ tandis qu´une pluie de sarcophages tomba‚ pour inhumer les corps des nombreux soldats de Clovis morts pendant la bataille.”
Ou bien‚ plus raisonnablement‚ la nécropole de sarcophages mérovingiens‚ ne serait-elle pas due à la présence de la piscine baptismale auprès de laquelle les catéchumènes âgés‚ malades‚ venaient recevoir un baptême tardif‚ lors des premiers siècles chrétiens en Poitou ?
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Photo:© Gilles Audoux
